Quand chrétiens et musulmans se rencontrent : textes sur le dialogue interreligieux

Quand Chrétiens et musulmans se rencontrent …

Concile Vatican II Extrait de la Déclaration sur les religions non-chrétiennes. (28 octobre 1965)

3 La religion musulmane

L’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de ta terre (1), qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète; ils honorent sa mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.(1)

Extrait du discours de Jean-Paul II aux jeunes de Casablanca (Maroc) 19 aoùt 1985

10. L’homme est un être spirituel. Nous, croyants, nous savons que nous ne vivons pas dans un monde fermé. Nous croyons en Dieu. Nous sommes des adorateurs de Dieu.

Nous sommes des chercheurs de Dieu. L’Eglise catholique regarde avec respect et reconnaît la qualité de votre démarche religieuse, la richesse de votre tradition spirituelle. Nous aussi, chrétiens, nous sommes fiers de notre tradition religieuse.

Je crois que nous, chrétiens et musulmans, nous devons reconnaître avec joie les valeurs religieuses que nous avons en commun et en rendre grâce à Dieu. Les uns et les autres nous croyons en un Dieu, le Dieu unique, qui est toute Justice et toute Miséricorde; nous croyons à l’importance de la prière, du jeune et de l’aumône, de la pénitence et du pardon; nous croyons que Dieu nous sera un Juge miséricordieux à la fin des temps et nous espérons qu’après la résurrection, il sera satisfait de nous et nous savons que nous serons satisfaits de lui.

La loyauté exige aussi que nous reconnaissions et respections nos différences. La plus fondamentale est évidemment le regard que nous portons sur la personne et œuvre de Jésus de Nazareth. Vous savez que, pour les chrétiens, ce Jésus les fait entrer dans une connaissance intime du mystère de Dieu et dans une communion filiale à ses dons, si bien qu’ils le reconnaissent et le proclament Seigneur et Sauveur. Ce sont là des différences importantes, que nous pouvons accepter avec humilité et respect, dans la tolérance mutuelle; il y a là un mystère sur lequel Dieu nous éclairera un jour, j’en suis certain.

Chrétiens et Musulmans, nous nous sommes généralement mal compris, et quelquefois, dans le passé, nous nous sommes opposés et même épuisés en polémiques et en guerres. Je crois que Dieu nous invite, aujourd’hui, à changer nos vieilles habitudes. Nous avons à nous respecter, et aussi à nous stimuler les uns les autres dans les œuvres de bien sur le chemin de Dieu.

Vous savez, avec moi, quel est le prix des valeurs spirituelles. Les idéologies et les slogans ne peuvent vous satisfaire ni résoudre les problèmes de votre vie. Seules les valeurs spirituelles et morales peuvent le faire, et elles ont Dieu pour fondement.

Je souhaite, chers jeunes, que vous puissiez contribuer à construire ainsi un monde où Dieu ait la première place pour aider et sauver l’homme. Sur ce chemin, vous êtes assurés de l’estime et de la collaboration de vos frères et sœurs catholiques que je représente parmi vous ce soir.


« Nos différences ont-elles le sens d’une communion ? » (Christian de Chergé 1984)

« L’attitude qui nous tient à l’écoute du Coran et de nos frères d’Islam, en dépit des divergences profondes relevées en cours de route, on la trouve décrite et préconisée dans le préambule de la Déclaration conciliaire sur les religions non-chrétiennes Nostra aetate : ce texte étonnant porte aussi la certitude d’une « communauté unique » préexistant à toutes nos divisions et destinée à resurgir dans la pleine lumière de la résurrection finale :

« A notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples augmentent, l’Eglise examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non chrétiennes. Dans sa tâche de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes, et même entre les peuples, elle examine ici d’abord ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée.

Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter toute la race humaine sur la face de la terre (1); ils ont aussi une seule fin dernière. Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous (2), jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière (3). »

En regard de ce texte de Vatican 2, si simple et si confiant, un verset coranique souvent cité, prend valeur d’écho stimulant :

« Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vus éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour à tous se fera vers Dieu ; il vous éclairera au sujet de vos différends. » (5, 48)

Une émulation mutuelle devrait ainsi s’exercer au sein même de la différence reconnue et acceptée. Comment exprimer autrement cette unité encore cachée qui appartient à la foi des uns et des autres ? »

« Tu choisiras le dialogue  » , Jean-Marc Aveline. La Manne Cachée

… « Si l’Eglise s’engage dans le dialogue inter religieux c’est qu’elle confesse que l’initiative de ce dialogue vient de Dieu et que cela fait partie de sa mission d’être sacrement de l’amitié de Dieu pour tous les hommes, « signe et moyen de l’union intime de l’homme avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. »

… Dés lors pour un chrétien « choisir le dialogue » n’est pas une option facultative, monnayable au gré des modes et des besoins de tolérance de sociétés gagnée par l’indifférence ! Choisir le dialogue c’est plutôt de recevoir les différences comme un don de Dieu, apprendre à reconnaître la valeur inestimable de toute vie humaine, dans l’étonnante diversité des sources spirituelles où l’homme va puiser pour entretenir en lui le goût de Dieu ! …

… La rencontre des religions, loin d’être seulement un fait indéniable du monde d’aujourd’hui, constitue pour les croyants, et pour les chrétiens en particulier, un mystère, au sens profondément théologique de ce mot, invitant à découvrir un Dieu qui se révèle toujours plus grand lorsqu’il est cherché à hauteur de visage, dans le dialogue et la vérité. »